Malentendus | Ringshen Mana

J'étais perplexe. Me grattant les tifs, botte appuyée contre le mur, je faisais face à un shinobi en poste, un qui surveillait les portes de ce qu'il avait tenté de m'expliquer (mais que je n'avais pas écouté avec beaucoup de conviction, j'veux dire, ça avait l'air chiant sa présentation).

- Bah alors, qu'est-ce qu'on a là ?

Le shinobi répond en haussant les épaules.

- On n'sait pas trop. Il s'dit chasseur de primes, mais n'empêche qu'il apparaît comme une fleur, comme ça, alors qu'un criminel se met à rôder y'a pas quelques jours.

Je hoche la tête, pour simple réponse.

- Assez suspect, oui. Je vais voir ce que je peux faire.

Je sors de la petite salle de garde, pour me retrouver après quelques pas à l'accueil. Accueil où il y a le suspect, plutôt jeune, visiblement assez amusé de la situation. A ses côtés, les shinobis qui l'ont escorté, plutôt mécontents qu'on leur donne du boulot en plus. Passant devant tout ce beau monde sans même lui adresser une salutation ou un regard, je me dirigeais vers ce qui servirait de salle d'interrogatoire, à salle un bureau exigu où il y a à peine la place de mettre une misérable table et deux chaises.

Les sabres sont posés dans un coin de la salle, le prisonnier sur la chaise la plus éloignée. Retournant la mienne, je m'installe dessus, croisant mes bras sur le dossier. Le regardant. Le détaillant. Puis, un grand sourire s'affiche sur mes lèvres, alors que je dis sur un ton amusé.

- Laissez-nous.

La salle est évacuée, il ne reste plus que lui et moi. Ses yeux dans les miens. Je finis par briser le silence.

- Ecoute, la vérité, je pense juste que t'es un peu con. Mais t'es pas un criminel. Les criminels ne nous font pas encore le plaisir de se jeter dans nos geôles tous seuls.

Ça, c'était pour le rassurer. Je poursuivais, accompagnant mon verbe de gestes plus ou moins adaptés.

- Donc, normalement, je devrais te lâcher dans la nature et te recommander de plus venir dans le coin. Pas comme tu l'as fait en tout cas.

Je laisse planer le silence quelques secondes.

- ... Mais d'un autre côté, c'est pas bon non plus que les gens se disent que Taki est un camp de vacances. Ça ferait désordre. Donc j'hésite. Est-ce que je devrais te casser les jambes, briser toutes tes dents puis t'attacher à un arbre pour que les renards te bouffent ?

Ça n'avait pas été dit sur le ton de la menace. Au contraire. C'était dit sur le ton de la conversation, un sourire en coin dessiné sur mes lèvres.

- Dis-moi, t'en penses quoi, toi ?

Je me penchais légèrement en avant, les yeux pétillants.

Je l'ai écouté, et écouté, et encore écouté, une lueur toujours aussi amusée dans mon regard.

J'essayais de capter ses yeux dans les miens, échec. Il faisait tout son possible pour ne pas avoir à croiser mes prunelles. Je retenais un petit rire, continuant l'exercice agile et malicieux. Je ne l'écoutais pas vraiment, en toute sincérité. Ce qu'il disait ne m'intéressait pas. Ses réactions, par contre, elles, me fascinaient.

Je me délectais de la terreur que j'inspirais. Oh oui, je sais, c'est mal. M'en bat les ovaires.

Y'a juste sur ses derniers mots que je me suis recentrée sur lui. M'aider à trouver un éventuel brigand se cachant au sein même du village ? Peu commun. Pas grand-chose ne rentrait ni ne sortait sans que les autorités soit au courant. Mentait-il ? Nan. Il n'avait pas l'air d'être du genre à mentir. Après tout, à force de mentir, on finissait par reconnaître ceux qui le faisait.

Je plissais les yeux. Nan, il était sincère. Il croyait le brigand ici, ce qui ne voulait pas dire qu'il y soit pour autant. Haussement d'épaule. Je me dirige vers le coin de la pièce, me saisis d'un katana. Le juge sans beaucoup de valeur, sinon je l'aurai "confisquée". Puis me retourne vers mon prisonnier, arme au poing. Je me pince les lèvres. Hésite.

Puis sans prévenir, je l'abats. Sur ses liens. Avant de jeter la lame sur la table.

- Rhooo, mais j'plaisante ! Faut pas être aussi sérieux.

Je tapote son épaule amicalement, avant de me mettre à bailler.

- C'la dit, ouais. Retrouver ce bandit serait appréciable. Vas-y, j'ai rien d'autre à faire de ma journée, je vais voir comment tu te débrouilles !

Je croise les bras sous ma poitrine, le regard pétillant.

- Par contre, me la mets pas à l'envers. Les renards sont toujours là et il y a pleiiiiin d'arbres dans le coin, je dis ça.

Clin d'oeil malicieux, alors que je lui montre la sortie, un sourire de prédateur sur les lèvres.

Les hommes sont tous les mêmes. Fascinants. Et terriblement amusants.

Ce wannabe chasseur de primes ne faisait pas figure d'exception, au contraire. De nombreuses émotions parcouraient son visage, ses réactions étaient rafraîchissantes. Je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire. Puis, le fixant avec plus d'intensité que de nécessaire, je passais la langue sur mes lèvres avant de répliquer, enjouée.

- J'aime bien les renards. Ça fait de très beaux manteaux, quand ils sont bien nourris.

Qu'il trouve ou non ce voleur n'avait pas d'importance, aujourd'hui serait une belle journée. Quelle qu'en soit son issue. Nous sortions du bâtiment, sous le regard apitoyé des gardes. Sûrement prenaient-ils en pitié le nouveau venu, confié à mes bons soins.

Nous n'avions faits que quelques mètres que l'étranger me fit par de ses conclusions, conclusions auxquelles j'acquiesçais. Sans plus.

- L'alcool délie les langues, c'est vrai.

Puis, révélation : Il me donnait son nom. Sauf que je m'en tapais. Tapotant ma joue d'un doigt, je finis par me présenter moi-même à ce fameux Noah.

- Tu peux m'appeler comme tu veux, mon mignon.

Avant de rajouter, avec un air de chaton.

- Mais fais attention au choix des mots, je sais être très ... sensible.

Je passais devant lui, alors, mon épaule heurtant la sienne, passant un manteau autour de mes épaules, la capuche rabattue sur mes traits. Avant qu'il ne puisse exprimer la moindre interrogation, je prenais les devants en disant sur un ton insouciant.

- Je suis connue à Taki, il vaudrait mieux qu'on ne me reconnaisse pas.

Sans m'en rendre compte, j'avais pris les rênes et nous avais guidés vers les quartiers bas, là où il n'y a pas grand-chose de bon qui se trame. Là où nous serions les plus susceptibles de trouver ce qu'il cherchait, à savoir du bandit de bas chemin. Le bâtiment se présenta devant nous, franchement pas accueillant. Devant lui, je m'étais contentée de dire, tout simplement.

- Tu me trouveras au comptoir, reviens avec quelque chose d'intéressant.

Clin d'oeil malicieux, laissant un parfum de menace pour le "et sinon ..."

Sans attendre de réponse, je m'introduisais à l'intérieur, ne lui accordant pas un regard.