(rang B) — Escorte royale

Village caché par le Volcan

Les relations aussi bien internes qu'externes étaient très importantes dans le rôle de dirigeant d'un village. Mes rapports politiques avec les personnalités clés de mon village restaient tout de même assez floues. Je savais bien que je pouvais compter sur le soutien de certaines personnes, tout comme je savais parfaitement qu'il y avait des gens avec qui ça ne collait pas. Il restait encore beaucoup de travail avant de convaincre l'ensemble de mon camp de me faire confiance. Du moins, la majorité. Je ne me voyais clairement pas être apprécié par tout le monde. Mais j'espérais au moins satisfaire une très grande partie de mon peuple. Si les rapports internes demandaient beaucoup d'effort, je ne devais pas mettre les rapports externes de côté. C'est pour cela que j'avais pris la décision de me rendre au château de cristal. Un lieu qui faisait office de siège pour un clan qui était tout aussi important que les Yūmin au sein du Pays des Montagnes. Les maîtres de cristaux. Un atout militaire non-négligeable. Même si pour le coup, ce n'était pas ce que je cherchais. Je souhaitais tout simplement développer le contact et être sûr que les acteurs de notre pays étaient en bons termes avec les acteurs du village. Ce n'était pas impossible qu'un clan appartenant à un pays soit en froid avec un village caché. C'est ce que je cherchais à éviter. Du coup, quoi de mieux de me rendre en personne pour entamer les discussions ? Selon moi, c'était la meilleure décision possible. Envoyer une autre personne pour faire le perroquet ne m'intéressait guère. De plus, cela risquerait d'être très mal vu par les occupants du château. En me rendant moi-même sûr place, je montrais l'intérêt que j'avais pour ces personnes.

J'avais donc demandé une petite escorte pour me rendre au sein du château qui se trouvait dans le pays. Yama no Kuni n'avait jamais été la source de problèmes. Tout le monde se sentait en sécurité, sauf les étrangers. Je pouvais même me rendre là-bas tout seul. Mais plutôt que de demander l'élite du village, je préférais léguer cette tâche à des personnes qui méritaient un peu plus de reconnaissance. Tsubasa Akihiko et Tsubasa Arihito avaient comme responsabilité de m'escorter. C'était tout de même assez drôle. Il fut un temps où j'escortais moi-même des personnalités. Désormais, c'était à mon tour de bénéficier du luxe d'avoir des personnes prêtes à mourir pour me défendre. J'attendais sagement aux portes du village la venue de mes deux gardes, tout en réfléchissant à ce que je comptais dire une fois là-bas.

Ce matin, il ne semblait pas différent de tous les autres. Arihito s'était éveillé, alors même que le Soleil peinait à sortir de son lit, conformément à son habitude. Il s'était vêtu dans un silence absolu, n'avait rien touché du déjeuner préparé la veille, qui restait toujours pour lui sur la table, puis s'était volatilisé comme l'ombre qu'il était, par la fenêtre de sa chambre ; hors de question de réveiller ses hôtes, dont l'âge préconisait un sommeil réparateur.
Une fois dehors, il s'arrêtait sur le toit quelques minutes, assis sur les briques. Il aimait imaginer l'aube pointer au milieu des volcans. Se figurer les nuances de rouge, de rose et d'azur se décliner sur les crêtes acérées des montagnes, se mélanger aux nuages et aux colonnes de fumées pour en arrondir les contours ; il restait là jusqu'à ce que le village soit nimbé de lumière matinale, puis il s'en allait à ses besognes gaiement. Ce moment qu'on aurait pu croire dérisoire lui permettait d'affronter chaque jour le sourire aux lèvres, il l'effectuait donc quotidiennement. Il s'agissait là de son petit rituel matinal.
Ce qui qu'il trouvait le plus beau c'était que, chaque jour, ce paysage identique lui apparaissait de façon différente et unique. Pas une fois il n'avait penser le même tableau, renouvelant toujours sa palette. Il se disait même, parfois, qu'il n'avait jamais vu d'aussi beau levés de Soleil que depuis qu'il ne les voyait plus. Ce matin, donc, il effectua son petit rituel, dans la fraîcheur du levant, qu'il ne pouvait pas sentir, d'ailleurs.

Mais sous ses apparences habituelles, il ne s'agissait pas d'un jour ordinaire. Aujourd'hui, Arihito devait escorter le Nidaime pour un déplacement. En tant que rare chunnin sensoriel, il était indispensable pour ce genre de mission. Au delà du devoir qu'elle représentait et de la rémunération qui en découlait, Arihito attendait cette mission très impatiemment. De fait, le précédent discoure prononcé par le Kage avait piqué sa curiosité quand à cet homme, il lui tardait de le rencontrer.
Le jeune shinoni se mit donc en route, Sundome en mains, empruntant la voie des toits, plus calme que les rues. Rapidement il rejoint le lieu rendez vous, connaissant par cœur son chemin. Arrivé en avance, ses sens l'alertèrent de deux présence, l'un des chakra semblait être celui du Kage, l'autre appartenait à Tsubasa Akihiko : lointain cousin. Arihito s'était dit que, seul à seul, il pourrait peut-être en apprendre plus sur le Nekketsu, la présence de l'autre shinobi l'en empêcherait donc, dommage. Il sauta malgré tout du toit pour atterrir devant les deux hommes.  

— « Kazankage-dono, enchanté de vous rencontrer enfin. Mon nom est Arihito, j'ai été assigné à votre escorte, le jeune salua le kage, prit un ton assuré et respectueux, son sabre tenu dans son dos. Se tournant ensuite vers l'autre : Bien le bonjour Akihiko-san ».

Le ninja décela une légère surprise chez le Nidaime ; oui, il était shinobi et aveugle.

Un premier shinobi se présentait face à moi. Un blondinet du nom de Tsubasa Akihiko. Celui-ci semblait très enthousiaste à l'idée de m'escorter au sein du Pays des Montagnes. Ce n'était pas très étonnant. C'était l'occasion pour lui - tout comme son camarade - de faire ses preuves auprès du dirigeant du village. S'il faisait bonne impression, il s'attendait peut-être à recevoir quelque chose en retour. Ce qui allait être certainement le cas. En effet, récompenser les plus méritants était quelque chose de très important au sein d'une hiérarchie. De cette manière, la personne concernée savait où se positionner et pouvait avoir un gain de motivation dans ses prochaines missions pour le village. Naturellement, le premier venu s'interrogeait sur les raisons qui me poussaient à rejoindre le château de cristal. Une information qui n'était pas confidentielle et que je pouvais donc transmettre.

« — J'ai pour objectif d’approfondir nos relations avec les occupants du château. Les temps sont durs et il ne faut négliger personne. Même dans notre propre pays, nous devons nous assurer d'avoir des alliés. C'est pour ça que je souhaite me présenter en personne. »

Peu de temps après, le second garde s'ajoutait au petit comité. L'équipe était donc au complète et le départ pouvait se faire dans l'immédiat.

« — Ravi de faire ta connaissance Arihito-kun. Bien. Nous allons partir en marchant tranquillement, nous ne sommes pas pressés. Nous devrions prendre un peu plus d'une heure pour arriver au château, sauf si des incidents surviennent sur le chemin. Si c'est le cas, je vous laisse défendre ma petite vie qui ne tient qu'à un fil. »

Je me sentais obligé de ricaner à la fin de ma phrase. D'un côté je leur mettais la pression de me défendre au péril de leur vie, d'un autre côté, je leur rappelai que j'étais un être-humain au même titre qu'eux. Malgré mon rôle d'Ombre du Volcan, je restais un simple mortel. Quelqu'un avec un minimum d'expertise pouvait parfaitement m'abattre.
Nous voilà devant le château de cristal.

« — Très bien. Je vais rentrer afin d'entamer les discussions avec les représentants. Je vous laisse monter la garde à l'extérieur. Si vous sentez quelque chose de mauvais, essayez de m'avertir d'une quelconque façon. Si ce n'est pas dans vos cordes, prenez l'initiative nécessaire pour neutraliser la menace. Je vous fais confiance. »

Sur quoi, je pénétrais à l'intérieur de ce fameux château.