Lorsqu'on désire toucher le cœur de Kazangakure no Satō, on pense instinctivement au centre-ville Gaiden. Cependant, il est inutile de s'aventurer aussi loin dans les terres pour ébranler cette superpuissance mondiale ; l'option d'attaquer Gaiden-shi s'avère complexe, mais cela relève surtout de l'impossible. D'autant plus qu'en tant que membre de l'organisation Hōshō, je ne peux même pas espérer approcher le village. D'ailleurs, je ne devrais même pas poser un seul pied au Pays des Montagnes. Pourtant que suis-je en train de faire ? Moi-même, je ne saurais vous répondre, j'ai juste connaissance que je signe volontairement mon probable arrêt de mort.
Plus sérieusement, cela faisait une semaine que je campais aux alentours du Palais de Cristal en quête d'informations croustillantes. Mes préparatifs pour l'Opération Dawnbreaker avançaient tant bien que mal et, peu importe ce que j'aurais récolté, j'assaillirai, seul ou non, cette putain de structure afin de générer d'innombrables richesses. Dès lors, je redistribuerai la totalité des biens aux Pays qui tentent de survivre. En effet, nous tous oublions la présence de nombreux bourgs qui sont dans le besoin depuis des générations. À l'instar d'un volatile qu'on libère de sa cage, l'ordre royal soufflera le monde shinobi pour son propre renouveau... C'était donc dans un contexte d'alerte permanente que je sondais le quotidien du Kesshō-Jō. Il fallait garder en tête que l'affrontement était inévitable en cas de rencontre fortuite — tomber nez-à-nez avec un garde : voilà ce que je redoutais le plus.
Pour un militaire habitué aux affrontements directs sur le terrain, me faufiler discrètement et effacer les traces de mon passage s'avérait être un enjeu de taille. Ma façon de procéder pour devenir littéralement invisible ferait aussi bien pâlir l'expert en la matière que l'espion novice qui passerait par là. Traces de pas, brindilles brisées, gravillons éjectés suite à mes enjambées, restes d'un feu de camp... Du bon boulot d'aspirant militaire. Pourquoi personne ne m'avait encore remarqué... ? Enfin, pourquoi personne ne s'était pas encore présenté ? Au fond moi, je savais qu'on m'étudiait. Ce quidam attendait le moment parfait pour m'assassiner discrètement. Bien que j'étais expérimenté dans l'art de combattre, je ne pouvais tout simplement pas rester éveiller chaque nuit. Comme chaque être humain, j'ai besoin de repos...
Ce même sentiment d'insécurité, je l'avais côtoyé à Senjōgahara l'année dernière. Seulement à l'heure actuelle, je me situais en territoire adverse. La pression accumulée pesait sur mes épaules, je commençais même à trembler pour chaque mouvement que j'exerçais. Victime de paranoïa, ma réputation se basait pourtant sur mon calme sans égal. On disait de moi : froid, calculateur, maniaque, imperturbable. Contrairement à ma situation d'antan, aucun homme ne m'accompagnait pour cette infiltration. Personne n'avait besoin d'un leader sur qui se reposer. Était-ce donc ma réelle nature qui faisait surface ?